L’outil informatique est devenu incontournable dans nos modes de vie. Avec le cloisonnement vécu en 2020, ce phénomène s’est accéléré. Avec un nombre d’heures passées par jour sur internet, en hausse.
Parce qu’il a fallu fermer les magasins, de nombreuses entreprises ont accéléré leur digitalisation ; Alors que l’économie tournait au ralenti, elles ont amélioré leurs parts de marché et leur chiffre d’affaires. Amazon, Facebook, Netflix ou Google viennent rapidement à l’esprit, mais il existe bien d’autres cas, à des niveaux plus local, qui ont réussi à s’en sortir.
Face à un contexte économique difficile, leurs expériences nous offrent des éléments de réflexion à suivre, pour continuer à s’adapter dans les mois et les années à venir.
Les heureux élus de 2020 font partie des secteurs d’activité de l’e-commerce, de la livraison à domicile, de la remise en forme, et des occupations récréatives. Voici quelques exemples d’entreprises qui ont tiré profit de la crise.
Cours en ligne – à la maison, contre salles de gym
Les restrictions de mouvement et de voyage ont été de mauvaises nouvelles pour les salles de sport, mais la vente d’équipements d’entraînement aux personnes qui ont cherché à s’entraîner à domicile a augmenté.
La fermeture de nombre de salles de gyms a obligé les accros au sport de se tourner vers les cours en ligne pour s’entraîner à domicile. L’entreprise Américaine d’équipements de gym pour les particuliers Peloton, www.onepeloton.com, a ainsi connu une forte hausse de demande pour ses vélos et tapis de course d’intérieur connectés à internet ainsi que pour ses cours en ligne. De même que dans les magasins de sport, il y a eu une razzia sur l’achat d’articles de fitness, allant des poids aux tapis de yoga. Tout le monde a voulu sa salle de sport à la maison.
Le secteur du « digital fitness » a également assisté à une augmentation. Les ventes de Smartwatch ont augmenté de 22 % au début de 2020 par rapport à la même période de 2019, selon les chiffres publiés par la société de conseil Strategy Analytics. De nombreux consommateurs se sont mis à utiliser des montres connectées pour surveiller leur santé et leur forme physique pendant le confinement.
Un réseau de cavistes efficace
Le confinement et les restrictions dans les déplacements ont été potentiellement une excellente nouvelle pour les commerces qui avaient initié une démarche de digitalisation de leur offre. Parce que la consommation n’allait pas s’arrêter, de plus en plus de gens ont commencé à faire leurs achats en ligne. Certaines entreprise telles que le caviste Nicolas, ont su s’adapter et poursuivre leur croissance malgré ces temps difficiles.
Avec 500 magasins en France le réseau Nicolas a réussi à gérer la crise sanitaire. En essayant d’anticiper et de rassurer les clients. Comme par exemple avec l’annulation par précaution de leur 5e édition des “Vinissimes” en mars 2020 (des dégustation privées) alors que le confinement n’avait pas encore été promulgué. Si de l’aveu même des responsables de l’enseigne, cette décision a été difficile à prendre, il en allait de la crédibilité de la marque vis à vis de ses clients, et du souhait continuer à afficher leur slogan : prendre soin de vos fêtes.
En dépit de ces mesures, l’arrêt commercial n’a pas été total, puisque le site marchand www.nicolas.com a permis d’atteindre des ventes multipliées par presque trois par rapport à la période précédente. Historiquement avec des consommateurs un peu différents de ceux achetant dans les magasins, l’enseigne a réussi à traverser cette période en fonctionnant avec le minimum vital.
La chance de Nicolas a été d’être un groupe avec suffisamment de trésorerie et d’avoir su prendre le tournant de l’e-commerce depuis quelques années.
Le tricot avec Stitch & Story
Les loisirs récréatifs ont depuis longtemps passionné les gens. L’entreprise Anglaise Stitch & Story (www.stitchandstory.com) s’est donnée comme mission de rendre le tricot cool. Une entreprise qui a commencé en mode start-up dans la cuisine, et qui a pris de l’essor pendant la pandémie de coronavirus. Stitch & Story est une entreprise d’artisanat en ligne qui compte 11 employés à plein temps. Elle vend du matériel et propose des tutoriels pour les personnes qui veulent apprendre à tricoter et à crocheter. Elle a connu une croissance énorme ces derniers mois. Les deux co-fondatrices, Jennifer Lam et Jen Hoang ont créé l’entreprise en 2013 dans le but d’inspirer les nouvelles générations à apprendre le tricot. Au début il s’agissait de réapprendre aux gens comment faire ; à l’aide de vidéos explicatives ; puis elles ont répondu aux besoins des gens qui regardaient en mettant en vente tout l’équipement nécessaire au tricot. Aujourd’hui avec le nombre de personnes enfermées, l’intérêt est monté en flèche. Les ventes entre mars 2019 en mars 2020 ont été multipliées par 9. L’entreprise a su répondre à l’émergence d’une tendance. Entre la lassitude éprouvée par de nombreux salariés travaillant toute la journée sur des écrans d’ordinateur, et l’envie de décrocher des smartphones et des réseaux sociaux, elles ont su imposer une marque. L’artisanat, comme moyen d’échapper à une situation anxiogène. L’entreprise permet à des milliers de clients de créer quelque chose à partir de peu.
Les services de repas et de livraison à domicile
Le secteur de la livraison des repas à domicile a su tirer profit des restrictions de déplacements de la population. Contraintes de rester enfermer chez elles, de nombreuses personnes ont fait appel aux services de livraison à domicile durant le confinement. Résultat, les sites de commerce en ligne avec livraison, ont enregistré un taux de fréquentation très élevés. Les entreprises telles que UberEats ou Fraiche Family ont eu une croissance impressionnante pour répondre aux besoins d’une population confinée, mais qui devait continuer à se nourrir.
Avec ce confinement, il était pourtant possible de voir se réduire le nombre de fois où les gens allaient acheter un repas en ligne et se le faire amener. En effet, avec le cas du télétravail, les gens ne perdaient plus de temps dans les transports, et avaient plus de temps pour faire à manger. Contre toute attente, ça n’est pas arrivé. Les plats préparés – tendance santé, bien-être et naturel – ont continué à largement être consommés, accompagné des produits surgelés et longue conservation. Le manque d’habitude ou le besoin d’être accompagné ont pu être à l’origine de cette situation.
Une entreprise a compris qu’il fallait accompagner les consommateurs ; leur donner des idées de repas et leur faciliter la préparation. C’est ainsi que l’entreprise Canadienne Cook It (www.chefcookit.com) a élaboré son offre : les clients indiquent à quelle fréquence ils souhaitent cuisiner ; ils choisissent des recettes ; ils reçoivent tous les ingrédients avec la recette.
L’exemple de Cook it incarne le type d’entreprises émergentes qui à l’aide du digital, répond à un besoin client différent, dans un secteur d’activité qui pourtant appartient à l’ancienne économie.
E-commerce français en retard
Ces quelques exemples montrent que la digitalisation du commerce est entrée dans les attentes et les usages des consommateurs. Mais cela masque pourtant le retard de la France en la matière au niveau des petits commerces. Seulement 30% des commerces de l’hexagone sont digitalisés alors qu’ils sont 70% en Allemagne. Les causes sont diverses : retard sur le volet informatique ; retard sur la prise de conscience de l’enjeu face à la concurrence telle qu’Amazon ou Alibaba ; absence de remise en question sur l’évolution du commerce ; méfiance de la part des petits commerces concernant l’intérêt économique.
Il est possible que 2020 soit le tournant dans la relation entre les consommateurs et les magasins physiques. Et pour les commerçants qui ne peuvent pas s’adapter, il existe un risque important de les voir disparaître dans les prochaines années.