En préambule, je précise que je pense réellement que les modes de consommations actuels et l’essor de la population sur terre incitent à se pencher sur le sujet et qu’il est urgent de réduire la pollution. Le terme urgent étant tout de même relatif étant donné que la première alerte sur les dérives liées à l’industrialisation et au développement a été lancée par le club de Rome en 1972.
Le Club de Rome est un groupe de réflexion (think tank) international créé en 1968 et composé d’économistes, de hauts fonctionnaires et de scientifiques. Le Club de Rome est devenu célèbre en 1972 en publiant son premier rapport sur l’avenir du modèle de croissance économique
Nombreux sont les chefs d’entreprises qui pensent que les projets RSE (responsabilité sociétale des entreprises) ne servent à rien. Un mélange entre du greenwashing pour donner bonne conscience aux clients, et un moyen d’occuper des salariés en manque d’activité.
Ils devraient pourtant confronter leur opinion ou tout du moins leur sentiment mitigé sur l’utilité de cette démarche, aux faits. Il existe des conférences et des livres blancs, ainsi que des serious game (en anglicisme de plus pour donner de l’importance à l’action ?) permettant d’identifier l’intrication entre RSE et impact environnemental.
Au moins pour savoir si un projet d’entreprise RSE fait sens dans une stratégie économique.
Constat initial : La situation de la consommation humaine des ressources de la terre
Les activités humaines ont un impact considérable sur l’environnement et la disponibilité des ressources naturelles. Elles participent à l’épuisement des ressources non renouvelables, à la déforestation, à la surconsommation d’eau, à l’épuisement des sols, à la perte de biodiversité et en fin de compte au changement climatique.
Selon une des dernières estimations de Global Footprint Network (une organisation qui calcule cette empreinte), en 2021, l’humanité consommait les ressources naturelles de l’équivalent de 1,7 planète Terre par an. En clair, si tout le monde vivait avec le même niveau de consommation que la moyenne mondiale, nous aurions besoin de 1,7 fois la capacité de régénération de la Terre pour rendre possible cette consommation. D’où la question de promouvoir des pratiques durables, d’adopter des technologies plus propres, de réduire la consommation et de mettre en œuvre des stratégies visant à protéger et à préserver les ressources naturelles.
Pour se faire, chacun peut connaitre comment sa consommation impacte la planète à l’aide de simulateur comme celui de l’ADEME (https://nosgestesclimat.fr/tutoriel).
Et il en va de même pour les entreprises. Ce qui conduit à la notion de projet de type RSE.
En quoi consiste la RSE, et quels sont les entreprises concernées
La RSE a pour objet d’inciter les entreprises à intégrer les préoccupations sociales, environnementales et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec les différentes parties prenantes (employés, clients, fournisseurs, communautés locales, etc.).
En simplifiant, les entreprises doivent/devraient toutes savoir combien leur activité génère de pollution, et quels sont les impacts sur les travailleurs qui participent à son business, de façon directe et indirecte.
Attention la liste peut être longue, ce qui va impacter le coup global de tels projets au travers de consultants spécialisés en RSE qui vont aider à bâtir un état des lieux de la situation.
Prenons donc un exemple d’une entreprise dans le secteur de l’habillement sur la pollution qu’elle génère et les conséquences sociales sur les individus qui y travaillent.
De manière directe et principalement, il y aura : les bâtiments (siège social, entrepôts, magasins), les machines utilisées (en cas de fabrication locale), les outils de travail (ordinateur, téléphone, tables, chaises, imprimantes, serveurs informatiques), les véhicules détenus (consommation essence/diesel/électricité), l’énergie de chauffage des bâtiments, les salariés (qui soulèvent des cartons en entrepôts ou en magasins ou qui sont à la chaine, et qui vont développés des maladies). Brefs, l’ensemble des éléments qui localement ont un impact.
De manière indirecte sur une liste non exhaustive, il faudra prendre en compte les éléments des sous-traitants qui participent à faire que l’entreprise peut vendre (même si ils se trouvent à l’autre bout du monde) : la fabrication des tissus/vêtements (matière première + énergie + eau), les machines utilisées, les transports nécessaires (bateaux/avion/train/camions), les conditions de travail des salariés (qui implique une responsabilité morale en cas d’accident tel qu’il s’est produit en 2013 au Bengladesh avec l’effondrement du bâtiment Rana Plaza : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effondrement_du_Rana_Plaza)
Même si le concept de RSE date des années 50, le sujet est prégnant depuis environ 20 ans en France, au travers de la loi dite de Nouvelles Régulations économiques 2001. Cette loi impose aux sociétés cotées de prendre en compte, dans les rapports annuels d’activité, les conséquences sociales et environnementales de leur activité.
Est-ce à dire que pour toutes les autres sociétés (non côtés), la mise en œuvre d’une politique n’est pas indispensable ou même ne sert à rien ? Pas réellement. Et ça vient de ce que l’absence d’action et de communication RSE renvoie comme image sur le marché de chaque entreprise.
Intérêts pour les entreprises à mettre en place une politique RSE
Au-delà de l’aspect morale lié à la volonté de chaque individu chef d’entreprise de participer à l’amélioration de santé de la planète, le choix de se lancer dans de telles actions RSE n’est pas anodin. Faut-il rappeler que l’objet de l’entreprise est de faire du bénéfice ? Et que les entreprises ont bien identifié que la mesure d’impact RSE a une incidence négative sur les marges. Enfin, a priori la démarche RSE ne permet pas réellement de vendre plus ou plus cher leurs produits et services.
Intuitivement, le chef d’entreprise pourrait ne pas faire de lien entre dépenser du temps / des ressources financières sur le sujet de la RSE et répondre à l’objectif économique de l’entreprise : vendre. Donc, considérant que seules les sociétés côtés ont l’obligation d’adresser cette action, les autres économiques pourraient croire qu’il n’y a aucun intérêt à se lancer dans de nouvelles dépenses, surtout après les différentes crises traversées ces dernières années, qui ont pu mettre à l’épreuve la trésorerie des entreprises.
Sauf que la réponse à l’interrogation « est-ce qu’une démarche RSE peut s’intégrer à une stratégie business ? » requière une analyse poussée de la part du chef d’entreprise. Cette analyse passe une connaissance fine de ses clients et de ses concurrents.
Un indice : ce n’est pas que financier. La tendance actuelle, émergeant au niveau de la société et des nouvelles générations de consommateurs, semble montrer que les individus-clients sont sensibles à cette approche et commencent petit à petit à réfléchir à leur mode de consommation. Ils orientent doucement leur choix vers des enseignes plus vertueuses. L’essor des magasins bio, des produits plus respectueux de l’environnement dans leur processus de fabrication, ou qui communique comme tel, ont dorénavant la faveur des clients.
Ainsi, en reprenant l’entreprise dans le secteur de l’habillement, il est possible qu’entre deux enseignes, ayant un positionnement marketing et un mix produit équivalent, il est vraisemblable que les clients se détournent de magasins dont l’impact pollution est négatif, au profit de celui ayant fait une démarche positive au travers d’une approche RSE.
En clair, en laissant de côté les sensibilités personnelles, les chefs d’entreprises doivent se poser les questions suivantes pour déterminer s’il leur faut lancer un projet RSE :
- Est-ce que mes clients sont en attente d’une démarche durable vis-à-vis des produits et services de l’entreprise ?
- Est-ce que l’image de l’entreprise sera détériorée en cas de non mise en place RSE ?
- Est-ce les entreprises concurrentes ont démarré des démarches RSE ?
Une démarche d’ailleurs partagées par 2029 Dirigeants ayant répondu à un sondage initié par l’entreprise Deloitte en 2020 .
Source : The fourth industrial revolution. At the intersection of readiness and responsability
RSE : non pour gagner, mais pour ne pas perdre
En conclusion, la mise en place d’un projet en lien avec la RSE peut se réfléchir sous l’angle de l’impact en cas d’inaction. Si l’entreprise ne fait rien, perdra-t’elle plus de clients ou de parts de marché que si elle fait quelque chose et communique dans ce sens.
Il n’est pas simple de répondre à cela. Mais cela donne au moins un axe de réflexion. Et pour compléter, il est bon de rappeler que sous l’inflexion des différents gouvernements, les régions accordent des aides financières aux entreprises souhaitant s’engager dans une transformation RSE. Un élément financier qui pourra jouer favorablement dans le choix final de l’entrepreneur.